En 1985, on a commémoré le 300ième anniversaire de la révocation de l`édit de Nantes, qui jusque là avait consenti la liberté de culte aux protestants français. Par cette révocation, Louis XIV leur a enlevé tous leurs droits, ils devenaient persécutés religieux.
Aujourd`hui, on estime que 250.000 huguenots et vaudois se sont réfugiés dans les pays protestants voisins. Bon nombre d`entre eux étaient des citoyens riches avec une position importante dans le commerce ou l`artisanat. Ils se sont enfuits a pied à travers les Alpes sur des chemins non surveillés mais difficiles, vers la Suisse et l`Allemagne où des princes réformés leur offraient la liberté de foi, une exonération d`impôts et des terrains. Pour ceux qui se faisaient prendre, c`était la prison ferme ou la galère, la peine de mort pour les prêtres.
La plupart des huguenots qui arrivaient en Allemagne passaient par Francfort. La communauté franco-réformée de cette ville s`est occupée et a soutenu 100 000 réfugiés entre 1685 et 1705. Grand nombre d`entre eux partaient pour le nord de la Hesse. Le comte Carl de Hesse (1677-1730) avait ouvert son pays avec la "Hessische Freyheitsconzession" (concession de liberté hessoise). Ainsi se formait dans la region de Cassel le plus grand réseau de colonies, de huguenots.
A travers Hofgeismar (ville voisine de Cassel) sont arrivés en 1687 116 réfugiés français en trente familles qui venaient en majorité du Dauphiné (province dans le sud-est de la France) à Rauschenberg au nord de Marburg. Ici, on leur a offert un terrain nommé "Brachter Ebene" (plaine de Bracht) dans la forêt. Mais les colons dépourvus préféraient à ce terrain boisé une petite vallee protégée, plus près de la ville de Rauschenberg qui servait comme pâturage et s`appelait "Auf der Schwabe". Ainsi un nouveau village fut fondé et à partir de 1694 connu sous le nom de "SCHWABENDORF".
La construction du village a été effectuée méthodiquement au long de "Sommerseite" et "Winterseite" (les deux rues principales, "côté d`été" et "côté hiver"), chaque colon a reçu "Portionsland" (une portion de terrain). Plus tard, le gouvernement du comte Carl de Hesse a donné 1000 troncs de chêne pour remplacer les premières cabanes ("baraques") provisoires de perches et de paille par des maisons.
Après des premières années dures et misérables l`agriculture a commençé à se développer ainsi que l`artisanat (bonneterie, draperie, chapellerie), connaissance acquises par les colons dans leur pays d`origine. Vers 1750, le village devient centre de bonneterie de la Haute-Hesse. A parti de Schwabendorf, les terrains incultes et délaissés de Hertingshausen (1694) et Wolfskaute (1699) ont été repeuplés. En 1725 les colons ont reçu le droit d`exploitation des prés "Brücher Wiesen" dans la forêt "Burgwald". Plus tard, ces prés sont devenus les biens héréditaires des paysans de Schwabendorf et connus sous le nom de "Franzosenwiesen" (prés des français).
Pendant 150 ans, la langue française a persisté dans le village. Aujourd`hui ils restent des noms, des surnoms (Aillaud, Badouin, Boucsein, Tourte, Vinçon) et des désignations villageoises qui rappellent l`origine française de Schwabendorf.